Un mur en pierre extérieur est un atout esthétique indéniable, mais sa durabilité et son efficacité énergétique dépendent en grande partie de la qualité de ses joints. Un jointoiement soigné assure non seulement une esthétique impeccable, mais aussi une protection optimale contre les intempéries et une meilleure isolation thermique.
Des joints mal réalisés peuvent engendrer de sérieux problèmes: infiltrations d'eau entraînant des dégâts importants (humidité, moisissures, dégradation des pierres), perte de chaleur importante en hiver, et une dégradation prématurée de l'ensemble de la structure du mur. Ce guide détaillé vous permettra de réaliser des joints de qualité professionnelle, assurant la beauté et la longévité de votre mur en pierre.
Préparation du chantier : les fondations d'un travail réussi
Avant de commencer le jointoiement, une préparation minutieuse est indispensable. Elle déterminera la qualité du résultat final et la longévité de votre travail. Cette phase comprend le choix des matériaux, la préparation de la surface du mur et la préparation du mortier.
Choix des matériaux : qualité et durabilité
Le choix du mortier est crucial pour la performance et l'esthétique des joints. Plusieurs options existent, chacune présentant des avantages et des inconvénients spécifiques :
- Mortier à la chaux : Traditionnel, respirant, idéal pour les pierres poreuses et les climats humides. Il offre une excellente régulation de l'humidité et une bonne durabilité. Nécessite une expertise pour une application correcte. Pour un mur de 20m² et des joints de 1cm de largeur, on estime une consommation de 150 kg environ.
- Mortier au ciment : Plus résistant, convient aux pierres moins poreuses et aux zones exposées au gel. Moins perméable à l'eau, mais moins respirant. Pour le même exemple de mur, la consommation sera d'environ 180kg.
- Mortier bâtard (chaux-ciment) : Compromis entre la résistance du ciment et la respirabilité de la chaux. Offre une bonne polyvalence et convient à de nombreux types de pierre. La consommation se situe entre les deux précédents.
Le choix du sable est également important. Privilégiez un sable de rivière, propre et bien calibré (granulométrie entre 0 et 4 mm) pour une meilleure adhérence et une finition plus lisse. Évitez absolument le sable de mer, très agressif pour la pierre en raison de sa teneur en sel.
Les outils nécessaires comprennent : une truelle (taille adaptée à la largeur des joints), une règle pour lisser les joints, une éponge pour le nettoyage, une brosse métallique pour le nettoyage des pierres, et éventuellement une poche à douille pour une application plus précise des joints fins. Le coût total des outils peut varier entre 50 et 150€.
Préparation de la surface : un nettoyage impeccable
Un nettoyage minutieux de la surface du mur est primordial. Il faut éliminer toute trace de poussière, de mousse, de salissures, et surtout les anciens joints défaillants. Utilisez une brosse métallique, une brosse dure, et/ou un nettoyeur haute pression à basse pression (pour ne pas endommager la pierre). Pour un mur de 25 m², comptez au minimum 3 heures de travail. Un jet d'eau à haute pression peut nécessiter l'utilisation de lunettes et de gants de protection.
Inspectez attentivement l'état des pierres : fissures, pierres fragilisées, etc. Ces imperfections doivent être réparées avant le jointoiement afin d’éviter des problèmes de durabilité. L'utilisation de produits de consolidation spécifiques est souvent nécessaire.
Préparation du mortier : un mélange parfait
Respectez scrupuleusement les proportions recommandées par le fabricant du mortier. Un malaxage minutieux est essentiel pour obtenir un mélange homogène, sans grumeaux, et de la consistance idéale. Utilisez un malaxeur électrique ou manuel, en fonction du volume de mortier à préparer. Laissez reposer le mortier pendant 10 à 15 minutes après le malaxage pour permettre une meilleure prise.
L’ajout d’adjuvants peut améliorer les propriétés du mortier: adjuvant fluidifiant pour une meilleure maniabilité, adjuvant hydrofuge pour une meilleure résistance à l'eau, et adjuvant antigel pour une meilleure résistance au gel.
Réalisation des joints : techniques et finitions
Le jointoiement est une étape délicate qui exige précision et savoir-faire. Différentes techniques existent, à choisir en fonction du type de pierre, de la largeur des joints et du rendu souhaité.
Techniques de jointoiement : du classique à l'innovation
Le jointoiement à la truelle est la méthode la plus courante. Appliquez le mortier dans les joints à l'aide d'une truelle, en tassant légèrement pour un remplissage complet et uniforme. Une truelle de 10 à 15cm de large est idéale pour des joints de 1 à 1,5 cm de largeur. Nettoyez l'excédent de mortier avec une éponge humide avant qu'il ne sèche.
Pour une finition plus précise et des joints fins, le jointoiement à la poche à douille est recommandé. Cette technique permet un meilleur contrôle du volume de mortier appliqué et un résultat plus régulier. Pour des projets de grande envergure, l'utilisation d'une presse à joints peut s'avérer très efficace, assurant une uniformité parfaite des joints.
Types de joints : esthétique et fonctionnalité
Le choix entre joints creux et joints pleins influence la durabilité et l'esthétique du mur. Les joints creux (environ 10-15 mm de large) permettent une meilleure évacuation de l'eau et sont recommandés pour les zones exposées aux intempéries. Les joints pleins offrent une meilleure résistance, mais sont plus sensibles aux infiltrations d’eau. La profondeur des joints est généralement comprise entre 2 à 3 cm, mais peut varier en fonction de la taille des pierres.
L'aspect esthétique est important. Choisissez le style de joint (concave, convexe, droit) en harmonie avec l’architecture de votre maison. Pour un rendu plus rustique, on peut utiliser des joints en pierre. Pour un mur moderne, des joints droits et réguliers sont appropriés.
Conseils pratiques pour une finition impeccable
Utilisez une règle pour lisser les joints et obtenir une surface parfaitement plane. Nettoyez régulièrement vos outils et la surface du mur pour éviter que le mortier ne sèche et ne devienne difficile à enlever. Pour les angles et les arêtes, utilisez une petite truelle pour une meilleure précision. L'ajout de pigments naturels au mortier permet de créer des joints colorés, pour un rendu décoratif personnalisé.
Protection et entretien : durabilité dans le temps
Une fois le jointoiement terminé, la protection et l'entretien régulier des joints sont essentiels pour assurer leur longévité.
Protection contre les intempéries : hydrofugation
Appliquez un produit hydrofuge adapté au type de pierre et de mortier utilisé. Ce traitement protège les joints de l'eau, du gel et des taches. Suivez attentivement les instructions du fabricant pour une application optimale. Un traitement hydrofuge de qualité peut prolonger la durée de vie de vos joints de plusieurs années. Comptez environ 2 jours de séchage après l'application d'un hydrofuge.
Entretien régulier : vigilance et prévention
Un nettoyage régulier des joints permet d'éviter l'accumulation de saleté, de mousse et de lichen. Utilisez de l'eau claire et une brosse douce, ou un nettoyeur haute pression à basse pression. Inspectez régulièrement l'état des joints, et réparez immédiatement toute fissure ou dégradation. Un entretien régulier permet de prévenir les problèmes plus importants et de préserver l'esthétique de votre mur.
Cas particuliers et solutions innovantes
Certaines situations nécessitent une approche spécifique.
Réparation de joints anciens dégradés
Pour réparer des joints anciens, commencez par un nettoyage minutieux pour enlever les parties friables. Choisissez un mortier compatible avec le mortier existant, et appliquez-le en respectant les techniques de jointoiement décrites plus haut. Une réparation soignée est essentielle pour la longévité du mur.
Joints pour pierres fragiles ou sensibles
Pour les pierres fragiles, privilégiez un mortier à la chaux, plus souple et moins agressif. Utilisez des outils adaptés et des techniques de jointoiement plus douces pour éviter d'endommager les pierres. Un mortier spécifique pour pierre fragile peut être nécessaire.
Solutions innovantes et durables
L'utilisation de la chaux hydraulique naturelle est une alternative écologique et performante. Ce matériau offre une bonne résistance, une bonne perméabilité à la vapeur d'eau, et contribue à la préservation du patrimoine architectural. Il existe également des mortiers à base de liants biosourcés, respectueux de l'environnement.
La réalisation soignée des joints de votre mur en pierre extérieur est un investissement à long terme, qui assure à la fois la beauté et la durabilité de votre construction. En suivant attentivement les conseils de ce guide, vous obtiendrez un résultat impeccable et une protection optimale de votre mur.